QDN Laurent Despaux

Lors du stage de février 2020 Les langages comme outils de coopération Véronique Druot a animé un atelier sur Le quoi de neuf. Comment faites-vous dans vos classes (ou avez-vous fait) ce moment ?

J’ai toujours pratiqué un quoi de neuf mais au début de ma carrière cela s’appelait plutôt « l’entretien du matin » et puis sur l’influence de la Pédagogies Institutionnelle c’est devenu le Quoi de neuf. Je ne sais d’ailleurs pas quel nom lui donner, le quoi de neuf n’en étant qu’une partie. Pour moi, ce serait plutôt « démarrage, mise en train, passerelle, lien... ».

Voici mon témoignage d’un moment qui a toujours existé dans ma classe et que je trouvais aussi structurant, aussi essentiel que le conseil de coop.

C’est un moment qui s’est toujours tenu en début de journée.
C’est un moment « tampon » entre les jeux ou les bavardages de la cour de récréation et les apprentissages scolaires. Il était entièrement géré par les enfants. Un peu moins structuré que le conseil de coopérative (pas de secrétaire, j’étais le gardien du temps...) un peu bric-à-brac mais avec quand même ses moments obligatoires.

  • Passerelle entre la famille, l’extérieur (le village, le quartier...), les médias et la classe. Les enfants racontent des anecdotes, des moments de vie, amènent un objet méconnu ou insolite, parlent de l’actualité mais aussi posent des questions sur des infos vues ou entendues.

  • Passerelle aussi entre le jour d’avant et la journée qui commence. La veille, des élèves avaient amené chez eux une des revues que nous recevions (BTJ, Clés de l’Actualités Junior...) ou une poésie ou un livre de la BCD et en lisaient un passage à la classe.

De ces moments ressortaient des questionnements qui soit étaient gérés rapidement (par un élève ou par moi), soit étaient renvoyés à du travail dans la journée. Une recherche durant l’après-midi dans notre BCD pouvait amener une réponse ou une enquête de plusieurs jours, à plusieurs,
donnerait lieu à un exposé. Certaines questions ont même amené l’écriture d’une BTJ « C’est quoi la ruée vers l’or ? » a donné la BTJ, La Conquête de l’Ouest. La question « Mais pourquoi les Israéliens et les Palestiniens se font toujours la guerre ? » a amené bien plus tard la BTJ Le conflit israélo-palestinien. On pouvait aussi programmer un débat pour plus tard si une discussion risquait de durer trop longtemps ou de renvoyer au conseil de coopérative de fin de semaine des questions de conflits ou d’organisation de classe. Pas de félicitations ou de critiques au Quoi de neuf.

Comme ce moment appartient aux enfants, ils quittent mentalement la cour de récréation et ils investissent la classe petit à petit et non de façon brutale. Ils entrent dans le travail de façon active et à leur rythme. Cela permet aussi à l’enseignant de prendre le pouls du groupe, de voir quels sujets il faudra mettre en place dans les activités d’éveil, comme on disait à l’époque. Cela permettait aussi de « faire groupe » autour d’activités scolaires qui sont aussi, des activités de vie.

Pour les remplaçants qui venaient dans ma classe, c’était le moment qui les marquait le plus quand ils acceptaient de jouer le jeu.
A l’époque, l’OCCE n’avait pas sorti l’agenda coopératif. Cet outil s’intègre, en partie sans doute, dans ce moment.

Laurent Despaux